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Quelques mots sur la religion…

 

L’hindouisme

La religion occupe en Inde une place très particulière, que peu de peuples exercent avec la même ferveur. Pratiquée au quotidien, ritualisée dans des prières et des offrandes, aussi bien à la maison que dans les temples, la religion fait partie intégrante de la vie des hindous. C’est le pilier de la société, à travers lequel se sont transmises la plupart des valeurs communes à des populations aussi diverses que celles des contreforts de l’Himalaya, des côtes du Malabar ou de Coromandel, du delta du Gange, ou des steppes du Thar.

Des dizaines, des centaines de millions, on ne sait pas exactement le nombre de divinités qui peuplent le panthéon hindou. Religion polythéiste par excellence, l’hindouisme est la forme « moderne » que prit le brahmanisme au début de notre ère, lorsque le bouddhisme et le jaïnisme avaient fait chanceler quelque peu ses fondations, par des approches moins rigoristes et ritualistes.

Une des notions principales de l’hindouisme consiste dans l’équilibre cosmique, avec un maintien constant de l’ordre (le dharma) et de la Vérité. Toute transgression de ces éléments crée des perturbations qui, à leur tour, engendrent des mutations néfastes pour l’homme et l’univers. Le maintien de cet équilibre, entre l’homme et son environnement, est une des notions fondamentales qui gère les rapports à autrui.

Une autre notion essentielle est la réincarnation des âmes. L’homme n’est que le support matériel d’un renouvellement spirituel qui se répète à chaque génération et qui est censé s’abreuver des expériences précédentes. Elle peut ainsi véhiculer au travers de l’éphémère passage humain sur terre, toute une série de bons ou mauvais comportements et actions, le karma. Le décompte se fait à la fin d’un cycle de réincarnations et donne droit à habiter un corps plus ou moins pur. La délivrance finale en est affectée et en dépend. Produire une action dans un but désintéressé, dénoué de toute considération matérielle ou affective, est la quintessence de l'émanation philosophique qui s’en dégage, sur la voie de la Vérité Absolue.

Une des manières d’y arriver est la voie de l’ascèse. Le renoncement aux plaisirs superflus, déviant l’être de la libération finale, est une des quêtes spirituelles qui mènent vers la délivrance. Après avoir rempli ses devoirs familiaux, de procréation et d’éducation envers sa progéniture, l’homme (le mari, le père...) peut se retirer pour accomplir la délivrance et atteindre ainsi l’Eveil suprême. Il se retire dans l’isolement favorable à la méditation, libère ses pensées canalisées par les commodités de la vie et ne se concentre plus que sur la vie spirituelle. Il peut devenir sâdhu.

Les sâdhus sont "des hommes de bien", des renonçants, ascètes, moines errants, saints pour les uns, mendiants pour d'autres, les gymnosophes nus d'Alexandre le Grand, qui ont abandonné la vie civile pour atteindre la moksha, la libération du cycle des incarnations.

Depuis les temps les plus anciens de la culture hindoue, les sâdhus ont accompagné et défendu le sacré. Lors des invasions mogholes, ou plus récemment contre le colon britannique, les communautés religieuses ont pris les armes, aux côtés des maharajas, dans la défense de l'hindouisme. Lors de l'entrée de Timour sur le territoire de l'Hindoustan et des massacres qui s'y sont succédés, les castes guerrières des nâgas affrontères les armées musulmanes avec courage et détermination. Cela n'empêcha pas la conquête du pays, mais une fois les envahisseurs repartis dans leurs contrées, bon nombre de princes et de rois léguèrent des biens matériels, domaines ou argent, aux communautés de renonçants.

Ceci se fera par l'intermédiaire de l'Akhara, organisation religieuse occupant une place prépondérante dans la vie contemplative, fil conducteur à la fois des préceptes religieux que ses adhérents suivent sous la houlette d'un guru, et support matériel minimal dans l'organisation et la distribution du clos et du couvert.

Les Akharas possèdent des biens matériels et une influence non négligeable dans la société hindoue. Elles permettent de soutenir, nourrir, héberger bon nombre d'ascètes ayant emprunté la voie du Salut.

Les ashrams sont des lieux de retraite destinés aux initiés désireux de suivres les préceptes d'un guru. Ces institutions représentent souvent un refuge, la partie visible de l'organisation religieuse.

Après une période d'environ trois ans d'initiation à la sâdvha, ainsi qu'aux règles imposées par l'Akhara et le guru, le débutant peut rentrer dans les ordres. Une cérémonie qui a lieu lors des Kumbh Melas, tous les trois ans, entérine l'entrée du renonçant dans sa nouvelle vie. Des cérémonies propitiatoires, la tonte des cheveux, l'abandon des biens matériels et des vêtements civils, l'abstinence sexuelle et de l'alcool, marquent son avènement dans le monde des sâdhus. Une vie de renoncement aux biens les plus communs, se satisfaisant d'un confort dérisoire, souvent réduit au contenu de son baluchon, attend le renonçant. Le minimalisme vital est une épreuve à la fois physique et morale, dont la philosophie n'a qu'un but, la libération spirituelle de toute contrainte "technique" relevant du matériel, en vue d'une concentration mysthique totale sur l'esprit, pour atteidre la délivrance finale, la moksha. En passant par un détachement corporel similaire à celui des ascètes, la finalité s'en trouve facilitée et purgée du superflu, de tout ce qui peut distraire l'âme.

 

 

 

 

Il n'en est pas moins que l'isolement dans les grottes de l'Himalaya, les profondeurs d'épaisses forêts tropicales, ou le yoga journalier, ne sont pas toujours suffisants pour la délivrance et des mortifications supplémentaires sont requises. Ceci se traduit par l'automutilation, la mortification sexuelle ou des souffrances corporelles qu'il faut surpasser par la transcendance spirituelle.

Vivre nu dans des conditions climatiques extrêmes, pratiquer le jeune, subir des privations alimentaires ou physiques est courant. L'abstinence sexuelle, alcoolique et le végétarisme sont pratiqués par tous les sâdhus. Les Aghoris en font exception. Certains nâgas pratiquent des mortifications génitales à coup de sabres ou de poids suspendus. D'autres s'infligent des mutilations censées accroître le travail spirituel sur soi et affermir la pratique philosophique. Faire voeux de rester debout toute sa vie, ne jamais s'asseoir pour dormir, manger, ou se reposer, en est une autre. Pieds souvent gonflés, avec des problèmes circulatoires et des ulcères, soutenus uniquement par des balançoires en vue de soulager l'un ou l'autre pied, ces pratiques restent singulières mais très respectées dans le monde hindou. Porter son bras tendu vers le haut, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, toute sa vie, relève d'une autre pratique extrême qui complète la panoplie des souplices. Une corde soulage le malheureux membre tant que celui-ci est encore "vivant". Au bout d'un certain temps les articulations se calcifient, le sang l'irrigue mal et le bras s'atrophie dans sa position définitive, devenant une branche inerte, quasiment morte, sur un corps bien vivant. Ces mortifications représentent l'extrême limite dans la volonté de dépassement mental, question non sans relation avec la pratique du yoga et au-delà, aux arts martiaux du monde asiatique...

 

 

 

Les sources mystiques

Les deux principaux documents servant de base aux croyances hindoues sont les épopées du Mahâbhârata et du Râmâyana. Récits écrits entre le IVème et le Ier siècle avant notre ère, ils relatent la guerre entre les Pandava et les Kaurava pour le premier, le rapt de Sita, épouse de Rama, par des démons, pour le second. Mêlant à la fois des préceptes religieux, philosophiques, spirituels, ils sont une source inépuisable d’histoires et d’enseignements, que les enfants, tout comme les adultes, se racontent au quotidien.

Dans le panthéon hindou il y a tout d’abord la triade cosmique, la trimurti, formée par les dieux puraniques apparaissant dans les Upanishads, Brahmâ, Vishnou et Shiva. Viennent ensuite une myriade de Dieux qu'on associe aux écrits saints, tout autant qu'aux actes et gestes de la vie quotidienne, aux lieux, aux métiers, ou aux croyances quotidiennes, aussi infimes soient elles.

 

Brahmâ est le créateur de l’Univers, né des eaux primordiales, il maintien l’équilibre cosmique. Il est représenté avec quatre têtes tournées dans les quatre directions, sur une fleur de lotus, et sa monture est un cygne. Il porte une aiguière contenant l’eau primordiale, un rosaire, un sceptre, et un livre représentant le Véda, ensemble de textes fondamentaux dont il est l’auteur. Son épouse Sarasvati est la déesse des arts, de la connaissance, des sciences et des lettres.

 

Vishnou est le protecteur de l’univers et se manifeste sous la forme d’avatars, au nombre de dix. C’est la bonté personnifiée et il est représente tenant la roue du destin, une massue, une fleur de lotus et une conque marine. Sa monture est l’aigle blanc, moitié homme, moitié oiseau, Garuda, et il est souvent figuré sur un serpent lové. Son épouse, Lakshmî, est la déesse de la prospérité et de la fortune que vénèrent tous les commerçants. La fête des lumières, Diwali, lui est dédiée.

 

Shiva, le Grand Dieu, est le destructeur, celui qui désintègre au travers de son énergie. Il possède un troisième œil, qui voit la réalité, alors que les humains ne voient que les apparences... Il est souvent représenté en ascète ou en danseur au milieu des flammes qui décomposent. Il a un chignon sur la tête avec un croissant de lune et la déesse Gangâ, prisonnière de ses cheveux. Il possède une peau de félin et dans les temples il est souvent représenté sous la forme du lingam, forme sculpturale cylindrique à tête arrondie. Sa monture est le taureau blanc Nandi. Son épouse est Pârvatî, fille de l’Himalaya et l’une des énergies cosmiques de Shiva, la shakti, qui permet l’action. Elle est la mère de Ganesh et de Skanda.

 

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